jeudi 5 novembre 2009

"Elle était fort déshabillée"


"Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près. Assise sur ma grande chaise, Mi-nue, elle joignait les mains. Sur le plancher frissonnaient d’aise Ses petits pieds si fins, si fins. - Je regardai, couleur de cireUn petit rayon buissonnier Papillonner dans son sourire Et sur son sein, - mouche ou rosier. - Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un doux rire brutal Qui s’égrenait en claires trilles, Un joli rire de cristal. Les petits pieds sous la chemise Se sauvèrent : « Veux-tu en finir ! »- La première audace permise, Le rire feignait de punir ! - Pauvrets palpitants sous ma lèvre, Je baisai doucement ses yeux :- Elle jeta sa tête mièvre En arrière : « Oh ! c’est encor mieux !… Monsieur, j’ai deux mots à te dire… »- Je lui jetai le reste au sein Dans un baiser, qui la fit rire D’un bon rire qui voulait bien… - Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près.

Arthur Rimbaud.

2 commentaires:

  1. Poesía y vida estan tenazmente entrelazadas en tus obras, Fabi.

    Daniel.

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  2. Arthur Rimbaud es como el mar...no hay forma de aplacarlo.

    Palabras selectas para esta obra que me cautiva como pocas.

    D.

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