lundi 27 mars 2017

La musique et l'ineffable

 " La musique de Fauré apaise le tumulte passionnel, mais elle est elle même passionnée, souvent austère et généralement déroutante. Elle cherche parfois à déplaire et il se faut donc de beaucoup qu'elle soit toute suavité et pourtant par le charme secret qui se cache dans sa profondeur, elle contribue à effacer la grimace de la haine. Nous qui ne sommes pas mort comme des morts, mais morts comme des vivants, c'est à dire laids, nauséabonds et cadavériques, elle nous délivre des soucis, elle délivre l'homme méchant de sa colère et le tremblant de sa terreur, elle empêche le terrorisme et le terrifié de tomber tous les deux ensemble dans le même lac obscur. Bénie soit la paix, bénies les cloches du matin. Les cannibales et les prétendants, les ogres et les Valkyries de notre cauchemar ne sont déjà que de tremblants fantômes que leurs noms même soient oubliés, que le gazon du printemps recouvre à jamais cette très misérable sépulture de colère et de soucis car tout recommence à nouveau demain. "

Vladimir Jankelevitch  

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